LITTÉRATURE

“Le Prix de la stigmatisation’’ : Une œuvre qui transcende la fiction !

Paru aux Editions BUFAC en janvier 2023, « le Prix de la stigmatisation » est un récit qui traite des maux de la société en général et particulièrement du terrorisme. Ce fléau sévit depuis quelques années au Burkina Faso et en Afrique de l’ouest. L’auteur, Ounténi Félix Natama, ne manque pas de situer les responsabilités et les causes du terrorisme dans sa toute 1re production littéraire.

« Cette œuvre est une fiction. Toute ressemblance avec des personnes, des lieux et des faits réels ne serait que pure coïncidence ». Si cet avertissement à la 11ème page du livre « Le Prix de la stigmatisation », sacrifie à la tradition faisant du roman une œuvre purement fictive, sa pertinence dans la thématique abordée lui accorderait plutôt une place de décor. L’œuvre fait le procès de la société en situant la part de responsabilités, aussi bien individuelle que collective, qui ont contribué à fixer progressivement les racines du terrorisme, dans certains pays africains comme le Burkina Faso.

Ounténi Félix Natama met le terrorisme au cœur de la thématique de son œuvre.

Au cours de ses échanges avec la presse à la présentation officielle du livre en juillet 2023, l’auteur n’a pas manqué de souligner que la raison qui justifie cette œuvre, est sa volonté de contribuer à endiguer le phénomène de terrorisme dans son pays le Burkina Faso. En dressant une batterie de causes tels que le rejet, la cruauté et l’abandon de la société, la solitude, le manque d’accompagnement de l’appareil judiciaire au sortir du milieu carcéral, Ounteni Félix Natama charge les épaules de son personnage principal, Fiéro, en guise d’interpellation.

Privilégier la communauté pour changer la donne.

Fiéro, ce personnage principal fustige la société en clamant à qui veut l’entendre que son intention n’était nul autre, que de lui être utile dans le travail. Ce jeune en effet, a subi les coups de la vie depuis son enfance. Né dans des circonstances périlleuses, il sera élevé par sa génitrice loin de son père ivrogne. Il est rejeté par ses amis d’enfances sous les menaces de leurs parents et sera vite confronté à la solitude. Après la mort accidentelle de son père et le décès de sa mère des suites de maladie, Fiéro prend son destin en main et quitte son Zoungou natal pour la capitale. Contrairement à ses attentes, il retrouve une ville sans valeur et chaleur humaines qui pourrit dans les vices, comme la gabegie et la prostitution.  Le natif de Zoungou, se retrouve entre l’étau du mensonge, du vol, du banditisme ; ce qui l’expédie dans les entrailles de la prison à 2 reprises, pour rejoindre par finir le clan terroriste.

Quelques passages extraits du chapitre 7 ( La vie après la prison, une expérience cruelle).

A la page 113, Fiéro indique que la société paye souvent le prix de sa négligence et de son irresponsabilité envers les autres membres de la communauté. Toutefois il reste convaincu que rien n’est perdu si les dirigeants politiques s’investissent, en commençant par une meilleure gestion de la chose publique. « […] qu’ils formulent des actions fortes de développement inclusif et qu’ils travaillent à prendre en compte les aspirations des populations. La société elle-même, doit travailler à davantage de solidarité, d’humanisme envers toutes les couches. Si un seul des maillons est délaissé, toute la chaîne risque d’être grippée », a laissé lire Fiéro à la page 115.

Au-delà de la fiction…

Le Préfacier, Dramane Konaté, loin de rejeter la faute uniquement sur la société, confie que chacun est responsable de ses actes, en citant l’existentialiste athée Jean-Paul Sartre. Ecrivain dramaturge et sémiologue, Docteur Konaté en portant à la connaissance du lecteur les 12 accusations du personnage principal, montre à quel point l’auteur place son lecteur dans la sphère supérieure de la mission de l’écrivain. Si tant l’attaque de Boungou faisant 37 morts en 2019 a conduit Felix Natama à ajouter à son épitoge de magistrat une plume, le Préfacier n’est pas dans le doute lorsqu’il affirme y avoir retrouvé le Burkina Faso saignant et beaucoup de choses qui donnent de comprendre la situation actuelle.

Le Préfacier du livre, Dramane Konaté (à gauche) et l’auteur, Ounténi Félix Natama (en costume à droite), lors de la cérémonie de dédicace de l’œuvre.

De la situation initiale partant de la description du village de Zoungou, aux remords du personnage principal marquant la fin du récit, le fils de la région de l’Est du Burkina Faso, Ounténi Félix Natama, taille sa plume d’une simplicité particulière. Les 10 chapitres passionnants aussi bien les uns que les autres, se laissent lire en laissant voyager le lecteur à son rythme de la campagne à la ville, de l’apparence à l’illusion, de la docilité à la révolte, de la confiance à la trahison, de la vengeance aux regrets.

Le roman « Le Prix de la stigmatisation » est disponible dans les librairies et aux Editions BUFAC, au prix unitaire de 3500 francs CFA.

Isaac LASAGNE

Vox Kultur

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