Pour le lancement de sa seconde tournée de suivi de la campagne cotonnière, c’est le champ d’Innocent Kiemtoré à une quarantaine de kilomètres de Bobo-Dioulasso, qui a reçu la délégation de l’UNPCB conduite par son 1^er responsable, Nikiebo N’KAMBI. L’objectif de cette mission est de constater de visu, l’état de l’attaque des ravageurs sur le cotonnier dans cette partie du pays.

C’est un sentiment de désolation qui anime ce producteur de l’or blanc. Du premier champ visité, le constat est triste. Les cotonniers à l’étape de capsulation sont sérieusement ravagés. En effet Innocent Kiemtoré estime à moins d’un tiers son rendement pour une superficie de 1,5 hectare, par la faute des jassides qui ont attaqué le champ avant l’étape de la floraison. Ce dernier craint d’ailleurs de tomber en impayé : « Mon champ de 1,5 hectare est irrécupérable. Les semis sur cette parcelle ont en effet été tardifs. La mise à disposition des intrants a été tardive et morcelée de même que les engrais ; toute chose qui nous a retardé sérieusement. Sur mon deuxième champ de 3 hectares, les semis étaient plus précoces donc moins attaqués. Mais, je ne peux pas avoir plus de deux tonnes sur toute cette superficie, moi qui l’année dernière avais sur ce même champ récolté 6 tonnes », a-t-il laissé entendre.

« J’ai constaté l’apparition des jassides en mois d’août (2022). Malgré les traitements effectués, nous constatons avec impuissance à leur prolifération. Nous demandons à la SOFITEX et aux autorités (ndlr : Société burkinabè des fibres textiles) une aide sinon cette année, on va tomber en impayé. J’ai un crédit de 400 mille francs CFA et avec les rendements que j’aurai, forcément, je vais tomber en impayé », a lancé Innocent Kiemtoré.

Le Président de l’UNPCB, Nikiebo N’Kambi, a rappelé les objectifs fixés dès l’entrée de la campagne cotonnière, qui visaient à battre le record national avec une production nationale de coton graine de 700.000 tonnes et ce, grâce à la subvention de l’Etat sur les intrants et sur le prix d’achat du coton graine, qui a galvanisé les producteurs. Il a par la suite déploré cette situation qui frappe les producteurs de coton. « Cette année, non seulement ils (ndlr : les jassides) sont apparus plus tôt mais en très très grande quantité. De ce fait les produits que nous utilisons les années précédentes, n’arrivent pas à les contrôler et les semis tardifs ont été les plus vulnérables. La situation sécuritaire a elle aussi impacté sérieusement la campagne cotonnière », a-t-il précisé.

Assurer un travail de proximité et de qualité.

Awa Soabo/Traoré est la Cheffe de production agricole de la région cotonnière de Bobo-Dioulasso. Elle a signifié que dans la région cotonnière, des produits avaient déjà été positionnés dès l’entame de la campagne, pour lutter contre le phénomène. Malheureusement, poursuit-elle, en cours de campagne la prolifération et la pullulation ont échappé à tout contrôle. « Les ravageurs qui ont pris la production en otage cette année, impactent sérieusement la production. On constate que ce sont les parcelles tardives semées en juillet, qui ont été sérieusement impactées », a-t-elle confié.

Hèrra Patrice Coulibaly, Coordonnateur de l’UNPCB, a quant à lui rassuré sur la présence des Agents techniques sur le terrain pour un travail de suivi de proximité et de qualité. Il a également indiqué que l’UNPCB ne manquera pas de porter régulièrement l’information des éventuelles solutions. « Depuis l’apparition de la maladie en fin août début septembre, l’UNPCB a effectué une sortie de concert avec la SOFITEX dans la province de la Léraba à Oueleni.  Il avait été recommandé aux producteurs, d’entamer immédiatement l’utilisation de la troisième fenêtre de traitement. L’UNPCB de retour a eu une réunion au niveau du conseil d’administration pour véhiculer cette information auprès de tous les producteurs. La recherche continue de chercher des solutions et nous espérons aussi, que les 60% des superficies emblavés de façon précoce nous permettront de sauver un tant soit peu la campagne. », a-t-il précisé.

Les jassides sont de petits insectes qui envahissent le cotonnier et qui sucent sa sève faisant rougir et sécher les feuilles. Le Conseil d’administration de l’UNPCB pour sa part, poursuit sa tournée dans les différentes localités et ce, jusqu’au 4 octobre 2022.

JC. Badiel

Pour Vox Kultur.