Mode : Clémence Zongo, d’aide-ménagère à coiffeuse-esthéticienne.
Sacrée Peigne de bronze national en juin 2021 en Côte d’Ivoire, Clémence Zongo est une jeune coiffeuse-esthéticienne burkinabè. L’histoire de celle qui aujourd’hui, fait partie des pépites d’or de la coiffure au Burkina, est toute passionnante. De fille de ménage à jeune entrepreneure, la Gérante de Holy Création est un modèle de combativité et de réussite pour la jeunesse. Avec l’équipe de Vox Kultur, elle a accepté faire un tour dans son univers.

Fille d’un styliste burkinabè de renom en Côte d’Ivoire, qui malheureusement n’est plus, les choses ont commencé à basculer pour la petite Clémence Zongo, après le décès de son géniteur. Une fois à Koudougou et ne retrouvant plus goût à rejoindre les bancs, et surtout par faute de moyens financiers, elle fut obligée de raccourcir son cursus scolaire après le certificat d’étude primaire. La petite certifiée découvre la ville de Ouagadougou. Elle y est envoyée comme aide-ménagère chez un oncle.
La fille de ménage sera tentée d’apprendre la couture. Cela tombe bien d’ailleurs puisqu’à quelques pas du domicile de l’oncle, se trouvait un atelier de couture. Le rêve de devenir couturière ne durera que le temps d’une saison. « Quand je finissais de travailler, de faire le ménage, je partais à l’atelier. Bien vrai que j’aimais la couture ça ne m’accrochait pas trop. Un an après soit en 2007, j’ai arrêté d’aller à l’atelier et je suis revenue à Koudougou. C’est là qu’entre de petits boulots, je me suis demandée pourquoi pas la coiffure. Les femmes rendent d’autres femmes plus belles et moi j’aime cela. J’ai donc commencé à apprendre petit à petit à coiffer », a confié Clémence Zongo.

Peigne de bronze national à IVOIRE MOD’OR.
Elle s’inscrit alors à l’Ecole Anne Marie Blue Bâche de Koudougou en 2009, pour 3 ans de formation en coiffure. Même si aujourd’hui ce centre de formation n’est plus fonctionnel, il aura contribué à forger l’esprit d’entrepreneuriat en de nombreux jeunes. Une fois sa formation bouclée, Clémence reprend le chemin de la capitale burkinabè pour mieux polir ses connaissances et affronter les réalités du terrain. C’est ainsi que 2012 à 2019, elle va travailler dans des salons de coiffure pour se faire véritablement la main. « Quand tu commences les stages dans les salons, il faut faire au moins 6 à 7 mois pour s’adapter aux types de coiffure. D’une ville à une autre les modèles de coiffure varient. On ne paye pas bien. J’ai travaillé à peu près 5 ans sans avoir un bon salaire. La paie mensuelle c’était 20, 25, 30 milles francs CFA. C’est en 2016 que j’ai commencé avoir si on peut le dire un salaire acceptable », a-t-elle indiqué.

Si Clémence a passé des années à apprendre des modèles de coiffure standard, il n’en est pas le cas pour la coiffure artistique. Pour elle, c’est plutôt la coiffure artistique qui l’a choisie. « C’est en 2020 que je l’ai commencée quand la maladie à coronavirus sévissait partout. Comme il n’y avait plus de clientèle, on nous a libéré pour quelques semaines à la maison. C’était vraiment dur. Et un soir, je me vois dans mon sommeil entrain de coiffer quelqu’un. A mon réveil, j’ai voulu reproduire la même coiffure que dans mon rêve et c’était parti pour la coiffure artistique. Du coup quand je suis assise et qu’une image me vient à l’esprit, j’essaie de la reproduire en coiffure. Pour moi c’est un talent que Dieu m’a donné et j’en ferai toujours bon usage », a-t-elle rassuré.
C’est d’ailleurs la coiffure artistique qui a permis à Clémence Zongo, de remporter le Peigne de bronze au concours IVOIRE MOD’OR en juin 2021 à Abidjan. Ce concours qui est seulement ouvert aux nationaux a fait une exception en ce qui concerne la participation de la jeune burkinabè. « Il y a des mannequins qui me suivaient depuis la Cote d’ivoire et qui aimaient mes créations. C’est ainsi qu’une des mannequins m’a demandé d’envoyer mes photos pour qu’elle les partage avec le staff. Le contact fut ainsi établi avec le Promoteur de l’événement qui a apprécié mes créations et m’a permis de participer », a expliqué la jeune coiffeuse.

Clémence Zongo rencontre Pathé’O.
« J’y suis allée à mes frais pour prendre part à la 1re phase de sélection, où j’ai été retenue pour compétir en finale avec 19 autres candidats. Un ami m’a ensuite conseillé de prendre attache avec le ministère de la culture pour une audience. Madame la Ministre m’a reçue et son département m’a soutenu avec un billet d’avion pour la finale », a-t-elle poursuivi.
Clémence Zongo a saisi l’occasion à Abidjan pour rendre visite à celui en qui elle s’identifie. Il s’agit du Styliste Pathé’O, pour qui elle ne manque pas de dire que du bien. « Avant de me rendre sur Abidjan je lui ai envoyé un texto sur Messenger et je me suis présentée comme une novice dans la coiffure. Il m’a immédiatement répondu. Cette humilité et ce grand cœur font la particularité de l’homme. Ici (ndlr : au Burkina Faso) on m’a donné des numéros à contacter pour prendre des conseils et avoir un accompagnement, mais tenez-vous que mes appels et messages sont restés sans suite. A Abidjan j’ai contacté son Chargé de communication dont il m’avait laissé le numéro. C’est comme cela que j’ai pu le rencontrer. Il m’a félicité et donné beaucoup de conseils, des conseils qu’un père pourrait donner à sa fille », a-t-elle expliqué.

Par ailleurs Maquilleuse officielle d’une émission qui est diffusée sur la Télévision nationale du Burkina, Clémence Zongo rêve de faire de Holy Création une grande entreprise, pour non seulement offrir ses services dans de meilleures conditions, mais aussi partager son expérience avec d’autres jeunes à travers le volet formation. D’ailleurs c’est tout cela qui a motivé le nom de sa jeune entreprise « Holy », qui veut dire « Saint » en anglais. Une façon pour elle de rendre grâce à Dieu. Disponible pour type de coiffure ou de maquillage, Clémence Zongo est joignable au (+226) 77 25 04 09
Isaac LASAGNE
Vox Kultur