Musique/Koudougou : A la découverte de Béni Abdel.
A l'Etat-civil Abdou Belem, Béni Abdel (BA) est un artiste-rappeur burkinabè. Originaire de Titao dans le Loroum, le jeune rappeur réside à Koudougou, où il suit une formation en lettres modernes à l’université Norbert Zongo. Il a à son actif 1 album et des singles mais reste cependant moins bien connu du public. L’étudiant chanteur commence à être révélé dans la cité à travers son dernier tube qui n’est autre qu’une réplique à l’artiste slameuse Malika La Slamazone. Dans un entretien accordé à Vox Kultur (VK), il est revenu sur son actualité.

VK : Présentez-vous à nos lecteurs.
BA: Je suis Belem Abdou alias Béni Abdel, étudiant en 3ème année de lettres modernes à l’université Norbert Zongo, artiste rappeur originaire de Titao.
VK : L’histoire avec la musique commence quand exactement?
BA : Bien évidemment il y’ avait les germes de la musique dans mes veines, mais c’est à Koudougou que j’ai commencé à enregistrer en studio. Avant je le faisais avec mon téléphone car mon histoire avec la musique date de la classe de 4ème. Mon premier single est intitulé » Va bara » , et c’était en featuring avec un artiste de Koudougou et les autres ont suivi.
VK : Qu’en est-il de votre discographie ?
BA: J’ai sorti mon 1er album de 10 titres intitulé » La naissance » . Mais avant l’album, j’avais 5 singles . Et le tout dernier titre clippé qui vient de sortir le samedi 4 décembre 2021.
VK : Quelles sont les thématiques que vous abordez dans cet album?
BA : Dans l’album, j’essaie de dépeindre un peu les réalités que nous vivons dans la société. La pauvreté, le chômage, la cohésion sociale, le respect, et différents maux qui minent la société. A ma façon, j’ai essayé d’une manière ou d’une autre de montrer ce qui se passe dans notre société actuelle.
VK : Parmi tous ces tubes, lequel a le plus cartonné selon vous?
BA : Mon single qui a le plus cartonné, je pense que c’est le titre » Foner est tombé « . C’est le 1er titre qui m’a un peu donné de la visibilité. Après vient le titre » Bienvenue au campus ». Un remix de » Bienvenue à Ouaga » de Amzy.

VK : L’un de vos tubes sonne comme une réponse à une devancière, en l’occurrence Malika La Slamazone. Est-ce bien cela ?
BA : On peut dire que c’est une réponse à ses propos (ndlr : à Malika La Slamazone). Mais j’ai répondu en tant que jeune et non artiste. Avec le chômage grandissant de notre pays, les jeunes font de leur mieux pour survivre, et lorsque quelqu’un vient dire que vous ne travaillez pas, cela fait mal.
VK : Ne pensez-vous pas qu’en répliquant de cette manière, cela pourrait contribuer à vous fermer des portes ?
BA: Les autres artistes n’ont pas intervenus, juste par la solidarité sinon certains ne sont pas d’avis avec ses propos . Ce qui m’a le plus motivé à répondre, c’est qu’elle ne s’était pas excusée et est restée cantonné sur sa position. On attendait pas ça d’elle. En tant qu’ artiste, porteur de voix et exemple pour la jeunesse, on ne s’y attendait pas. Dire que ce titre peut me fermer des portes, à moins que ceux qui voulaient m’aider n’avaient pas la volonté de le faire vraiment. Elle prétend dire une vérité, moi également.
VK : Au fond on se demande si cette réponse n’est pas une manière pour vous d’avoir de la visibilité.
BA : Ça peut-être le cas, mais l’objectif premier n’était pas cela. Je l’ai fait pour me libérer comme le dit Smarty dans un titre de son dernier album. Je suis sûr que beaucoup, s’ils avaient la possibilité d’être entendus comme les artistes, n’allaient pas hésité. D’autres personnes sont passés par d’autres canaux, via les réseaux sociaux. Moi, la musique est le moyen que j’ai pour le faire.
VK : Quel est la particularité de Béni Abdel ? Qu’apportez-vous de nouveau au rap burkinabè ?
BA : Je fais le rap mais pour le moment je touche un peu à tout. Chaque rappeur à sa manière. Mais pour le moment j’ai pas un style précis car cela demande beaucoup de temps et d’expériences et toute une équipe autour.
VK : Quelle lecture faites-vous du show business au Burkina ?
BA: le showbiz burkinabè évolue. 2 à 3 ans en arrière, il y avait pas cet enthousiasme. On ne pouvait pas croire qu’un seul rappeur burkinabè pouvait remplir le stade, mais aujourd’hui Smarty l’a fait . Je suis optimiste, le meilleur reste à venir.
Entretien réalisé par Yaya TRAORE
Vox Kultur