Société/Noël : Des habits et de quoi manger pour les enfants dans la rue.
Le nombre d’enfants en situation de rue ou dans la rue ne fait que s’accroître de jour en jour dans la ville de Ouagadougou. Devant les portes des domiciles, les administrations publiques et privées, les commerces, les restaurants, aux feux tricolores, dans les rues de la cité, ils sont présents et même très matinaux en dépit de la fraîcheur. Ce mardi 22 décembre 2021, notre équipe est allée rencontrer ces enfants du côté du quartier Paglayiri de la ville de Ouagadougou, qui attendent aussi le retour de papa noël ou d’un papa noël.

Il est 10 heures lorsque nous marquons un arrêt au quartier Paglayiri de la ville de Ouagadougou. A peine avoir stationné au bord de la voie que nous sommes encerclés par une dizaine d’enfants. Ils espèrent tous repartir avec quelques pièces pour le repas de midi. Plusieurs raisons entraînent ces chérubins dans la foire d’empoigne de la mendicité où les plus forts prennent le dessus.
Abdoul Djalil Zongo est âgé de 16 ans et est originaire de la ville de Koudougou. Il dit être venu à Ouagadougou à la recherche de travail. Une fois dans la capitale du pays des hommes intègres, Djalil est confronté à la réalité, le rêve d’obtenir vite un travail s’estompe peu à peu. Pour survivre, il a commencé à vendre des papiers serviettes à raison de 100 francs CFA le paquet. Pour la fête de Noël qui s’approche, il souhaiterait avoir juste de quoi s’habiller et ressembler aux autres enfants.

Dans certains cas, l’absence des parents n’est pas l’unique raison de la situation des enfants dans la rue. Rasmané Kaboré vit de la mendicité pour des raisons familiaux. « Je suis dans la rue à cause de la 2ème femme de mon père. Il parle trop, les injures aussi sont assez donc j’ai décidé de quitter la maison. Ma mère vit à Kalgondin et ma marâtre, mon père et moi vivons à Gounghin. Quand mon père rentre à la maison, elle lui dit que je dure dehors et un jour mon père m’a battu avec un pilon et j’ai fuis de la maison pour me réfugier à la gare », a-t-il dit.

« J’aimerais avoir un habit et un pantalon pour porter »
Le jeune Rasmané a décidé de suivre un copain pour mendier dans la rue. Une fois dans les bras de morphée la nuit tombée, ils se réfugient près d’une agence de la LONAB jusqu’au petit matin. Malgré le faible degré de fraîcheur au Burkina, il n’est pas aisé de se réfugier sous les auvents et au niveau des carrefours en cette période d’harmattan. « Pour la fête qui approche j’aimerais avoir un habit et un pantalon pour porter, j’aimerais aussi avoir du travail en tant que garagiste ou mécanicien », a-t-il souhaité pour la fête de Noël.
Plusieurs motifs poussent ces enfants dans la rue. Pauvreté, violence, recherche de gain facile sont entre autres quelques raisons. Aziz Kaboré, âgé de 16 ans a indiqué avoir abandonné l’école pour vendre du fer et se faire de petits sous comme certains de ses camarades qu’ils voyaient faire. « Je fréquentais avant mais j’ai vu mes camarades ramasser du fer pour vendre ; j’ai vite jeté mon sac d’école sur le toit et je les ai suivis pour ramasser aussi le fer et vendre. Je vivais chez un maître coranique mais actuellement je mendie et vis dans la rue. Je dors dans la rue mais parfois je rentre chez moi », a-t-il expliqué.
Plusieurs de ces gamins dont l’âge varie entre 10 et 16 ans souhaiteraient avoir un travail dans la soudure, la mécanique moto ou dans un garage auto. Beaucoup ont confié mendier dans la rue à l’insu des parents ou à cause de la maltraitance. Pour eux, la fête de Noël s’annonce morose, car ayant à peine de quoi mettre sous la dent ou de quoi s’habiller.
Deborah BENAO
Vox Kultur