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Centre culturel Senoufo : Un conservatoire de l’histoire et des traditions.

Bobo-Dioulasso est la capitale culturelle du Burkina Faso. Au secteur 21 de cette ville, se trouve le Centre de recherche pour la sauvegarde de la culture Senoufo. Ce lieu de pèlerinage touristique qui a ouvert ses portes en avril 2005, contribue ainsi depuis plus d’une décennie, à la promotion et à la sauvegarde des valeurs culturelles du peuple Senoufo.

Les Senoufos sont un peuple d’Afrique noire que l’on retrouve majoritairement dans 4 pays. Il s’agit du Mali, le Ghana, la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso. L’histoire, la vie, les habitudes, la tradition de ce peuple ont intéressé le Père Emilio Escudero, qui a vécu presqu’un demi-siècle en milieu Senoufo. Et c’est en reconnaissance à ce peuple et pour conserver la richesse culturelle des Senoufos, que va jaillir le projet de construction d’un centre culturel pour la promotion et la sauvegarde de la culture Senoufo. Le centre de Sikasso au Mali va voir le jour en 2004, suivi de l’antenne de Bobo-Dioulasso au Burkina Faso en 2005.

Les Senoufos étaient de grands chasseurs. Ils s’équipaient d’amulettes de protection. Par des jeux de miroir, ils se protégeaient du serpent Naja, qui crache son venin en visant les yeux de sa proie. Les miroirs permettaient de tromper la vigilance du serpent, en faisant passer les deux miroirs pour des yeux. Les miroirs attiraient aussi l’attention des animaux, facilitant ainsi la traque du gibier. Ces miroirs sont fixés à la tunique et au chapeau de chasse. Les chasseurs utilisaient des fusils pour abattre le gibier, mais aussi des pièges pour capturer le gibier avant de le mettre à mort.

Le peuple Senoufo adorait des fétiches tel que le « Wara » qui signifie Panthère en langue bambara. Il est interdit aux femmes et aux non-initiés de voir le fétiche « Komo ». Le peuple Senoufo disposait aussi de statuettes comme celle de la fécondité, sur laquelle les femmes ayant des problèmes de fécondité venaient faire des vœux tout en espérant enfanter. Quant aux agriculteurs, ils formulaient également des souhaits avant la saison pluvieuse pour avoir de bons rendements agricoles. Il faut noter que le syncrétisme est très développé chez les Senoufos, permettant ainsi le rapprochement de différentes confessions religieuses.

Quelques objets utilisés par la femme Senoufo

Une femme belle est une femme qui sait cuisiner et qui est féconde.

Pour les Senoufos, la beauté de la femme est intérieure. Le physique importe peu. Une femme belle est une femme qui sait cuisiner et qui est féconde. Cette femme est représentée par 2 symboles. Il s’agit de la spatule, utilisée pour la préparation du tô, et le balai, pour les travaux ménagers. Ces éléments que sont le balai et la spatule ne doivent en aucun cas être utilisés par la femme comme armes en cas de différend avec son époux. Il y’a également la meule qui est utilisée comme moulin par la femme Senoufo. Cette meule constituait par ailleurs un outil de communication. Elle permettait à la femme d’exprimer au chef du village son mécontentement, lorsque des disputes de couples se présentaient.

Dans la cuisine de la femme Senoufo, il y’a toujours une jarre et un foyer. La jarre est le symbole de bienvenue aux invités. Le foyer quant à lui, est l’élément le plus important car il représente la dernière étape de mariage chez la femme Senoufo. Il matérialise la stabilité dans le couple. Sans le foyer, la femme n’est pas considérée comme intégrée dans la famille. Le foyer repose sur trois pierres, et c’est au neveu de la famille d’apporter la 1ère pierre.

Les femmes Senoufo sont autonomes et fabriquent elles-mêmes les aliments qu’elles utilisent. Il s’agit entre autres, du beurre de Karité, de la potasse, du soumbala. Elles mènent également des activités lucratives à travers la production et la transformation des denrées alimentaires tels que le maïs, le bois, le poids de terre sucré, la vente de fritures de patates douce et du dolo (ndlr : bière locale à base de sorgho). Pour sa cuisine, elle utilise comme ustensiles la calebasse, la poêle, la poterie et le panier.

Le centre Senoufo de Bobo-Dioulasso fait face à une voix principale et les murs sont bien ornés, offrant un cadre de détente.

En cas de décès dans un foyer polygame, du tô est préparé et placé devant la douche mortuaire après l’inhumation. Si le tô est mangé, cela veut dire que le défunt n’a aucun ressentiment envers la famille. Dans le cas contraire, cela signifie que le défunt en veut à un membre de la famille. Alors une séance de divination est organisée, afin que l’âme du défunt s’exprime et repose en paix.

Isaac LASAGNE

Vox Kultur

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