Koudougou : Un complexe scolaire d’une originalité architecturale
Le Centre Noomdo est situé à Youlou dans la commune de Koudougou. Ce centre inauguré en février 2017 accueille des enfants de 6 à 18 ans vulnérables ou en situation de détresse sociale. C’est pour faciliter et simplifier l’accès à l’éducation des pensionnaires du centre et pour les populations environnantes que l’ONG de développement « Le Soleil dans la main » a construit un complexe scolaire. Dans un entretien accordé à Vox Kultur, le Directeur des activités Burkina Faso pour l’ONG, David Demange, est revenu sur l’originalité architectural de ce complexe scolaire.

Pensionnaires du Centre Noomdo de Koudougou, ils sont pour la plupart des orphelins, des enfants rejetés, maltraités ou exploités, des enfants issus de la rue ou des milieux défavorisés. Grâce à l’ONG « Le Soleil dans la main », ils sont logés, nourris, suivis et soignés. Ces enfants reçoivent par ailleurs une éducation dans cette grande famille et sont scolarisés.
Autrefois ces enfants parcouraient quelques kilomètres pour suivre les cours dans des écoles de la ville de Koudougou. Mais depuis 2019, le Centre Noomdo a bénéficié d’un complexe scolaire. Ce temple de savoir n’est pas réservé qu’aux pensionnaires puisqu’il accueille aussi des enfants des villages voisins.
D’un coût de près de 700 millions de FCFA, le Complexe scolaire Bangre Veenem de Koudougou est composé entre autres, d’un préscolaire, d’un lycée avec 10 salles de classes, 5 bureaux, une salle de professeurs, 4 bureaux pour l’administration, une salle de réunion, une salle de science, une salle d’informatique, une cantine scolaire, une salle de réunion, une infirmerie, une bibliothèque, 10 postes latrines, un plateau de sport, un réseau d’adduction d’eau et des bâtiments pour le primaire et la formation professionnelle.

Le bioclimatique est adapté au climat local
Ce temple de savoir qui vient désengorger d’une certaine manière, les effectifs pléthoriques des établissements de Koudougou en général et des Collèges des villages environnants en particulier, est construit dans un style architectural original. Du système d’éclairage au système de ventilation, tout est simplifié pour donner aux occupants un cadre agréable pour apprendre.
David Demange est architecte de formation et de profession. Il est par ailleurs le Directeur des activités Burkina Faso pour l’ONG Le Soleil dans la main. Il a indiqué que la beauté des bâtiments, la qualité de la construction, les coloris, les matériaux, la disposition des locaux font que les enfants sont dans un milieu dans lequel ils peuvent bien s’épanouir. « Nous on est très sensible au bioclimatique. C’est un style adapté au climat local », a-t-il ajouté.
« Faire de grands bâtiments avec de grands vitrages qui prennent bien le soleil et où il faut climatiser parce qu’il fait chaud, pour moi c’est une aberration. Il serait mieux de faire des bâtiments comme nous le faisons à Koudougou. Il s’agit là de faire des bâtiments qui ont de grandes toitures qui les protègent du soleil et qui reflètent le rayonnement du soleil, c’est-à-dire la chaleur. Les bâtiments sont naturellement à l’ombre et n’ont pas besoin de climatisation. Encore on peut faire des ouvertures qui sont réglables pour pouvoir ventiler les bâtiments et avoir une sensation de fraîcheur, alors qu’il n’y a pas de climatiseur. On peut également planter des arbres autour des bâtiments pour faire des filtres à la poussière, faire de l’ombre, avoir un air pur », a expliqué David Demange.
L’ONG Soleil dans la main et le Centre Noomdo ont bénéficié de la mairie de Koudougou, 10 hectares de terres pour la construction du complexe. Seulement 6 hectares ont été utilisés et le reste est laissé au bon soin des agriculteurs. Le Directeur des activités Pays se réjouit de savoir que 4 hectares de terres vont continuer à vivre dans l’agriculture.

L’architecture est l’expression de la culture
Pour l’architecte franco-allemand, l’architecture au Burkina Faso s’appauvrit de jour en jour et il sied de parler plutôt de la non architecture. Il a précisé que l’architecture au-delà de construire, de faire des murs et des toits pour s’abriter, est l’expression d’une culture, des valeurs à travers le bâtiment.
« On a une sorte de pauvreté dans l’expression architecturale actuelle au Burkina Faso. Chacun construit avec des parpaings et des tôles et on peut dire que ce sont des abris primitifs et ça remplit sa fonction pour s’abriter, faire du commerce ou une école mais ça n’exprime pas une grande valeur culturelle » a-t-il poursuivi.
« L’architecture contemporaine est une architecture qui est adaptée à la civilisation actuelle, d’aujourd’hui, c’est aussi utiliser les matériaux adaptés à l’époque. Les Lobis construisent en terre crue et en paille mais aujourd’hui c’est difficile de construire tout Ouaga en terre crue et en paille. Mais n’empêche qu’on puisse explorer dans ces matériaux de nouvelles idées pour exprimer la culture. Faire de l’architecture contemporaine c’est être en accord avec son époque au niveau des matériaux, au niveau des manières de vivre, en s’y adaptant économiquement et climatiquement. L’objectif est que l’architecture s’adapte aussi au milieu naturel », a laissé entendre l’architecte Demange
Un bâtiment construit simplement en parpaing avec des tôles métalliques coûte 3 fois moins cher qu’un bâtiment fait en terre compactée, en briques latéritiques avec une sur-toiture et des systèmes d’éclairage et de ventilation. Toutefois il est bon de noter qu’un bâtiment bioclimatique contemporain est 3 fois plus durable et agréable à vivre.
Isaac LASAGNE
Et bravo à l’architecte Albert Faus qui est tout de même l’architecte de ce magnifique complexe scolaire sans même avoir été mentionné dans cet article !