Ouagadougou : Une conférence pour dépeindre la place des Dozos dans la société.
L’Institut français de Ouagadougou, a abrité une conférence publique, ce vendredi 8 Janvier 2020. Cette communication a porté sur la place et la vie des Dozos dans la société actuelle. L’idée est née de Waren Saré, de sa soif de connaitre l’histoire de sa famille, qui serait originaire du clan des Dozos.

Un Dozo est un chasseur traditionnel qui a des connaissances sur la nature, sur l’environnement, sur la faune et sur la flore. C’est un initié au service de sa société. Ayant le goût de l’aventure, les Dozos seraient à l’origine de la formation des sociétés actuelles.
Docteur Victor SANOU est le Président du Haut conseil national Dozo. Il a précisé que la plupart des villages ont été créés par les chasseurs. « Ce sont les chasseurs qui vont à l’aventure, ce sont les chasseurs qui vont chercher ailleurs pour venir ravitailler les familles en gibiers et tout. Donc en allant à l’aventure, ils découvrent des choses : cette zone est giboyeuse, y’a une marre, y’a l’eau ici est-ce qu’on ne va pas s’installer là-bas ? C’est comme cela que naissent les villages » a-t-il expliqué.

« Les chefs Dozos, nos ancêtres, nos doyens ont observé par exemple que dans la nature, quand un serpent fait la chasse, il y’a un arbre sous lequel le serpent ne va jamais rentrer. On observe et on se dit mais pourquoi ? C’est comme ça on a compris que cet arbre est un peu l’antidote des morsures du serpent. C’est avec ça on soigne les morsures des serpents » a confié Victor SANOU.
A l’entendre, toutes leurs connaissances seraient nées de l’observation de la nature. Observer la vie des animaux, leur manière de se nourrir, de se soigner et même de communiquer.
« La médecine moderne veut tout démontrer par A+B or… »
Pour Konomba Traoré, Chef de la société du fétiche KONON Sénoufo et par ailleurs Administrateur civil, le dozoya est confronté à la médecine moderne. « La médecine moderne veut tout démontrer par A+B or dans la médecine traditionnelle, ce n’est pas comme ça. Y’a des pratiques qui n’obéissent pas aux règles de la science, parce que tout ne peut pas être scientifique. Par exemple je peux prendre une bouteille d’eau, prononcer des formules magiques et si quelqu’un boit, il ne va jamais attraper le SIDA, ni de maladies contagieuses, que ce soit le Corona virus ou la fièvre Ebola. Mais est-ce que dans la connaissance des Blancs, ils ont des machines pour tester ces connaissances-là ? » s’est-il interrogé.

De son analyse, les deux médecines devraient plutôt être complémentaires, puisqu’elles ont toutes les deux des limites. Pour une fracture par exemple, les traditionnalistes ont besoin de la radiographie pour voir l’état de la fracture et mieux la soigner.
Le Dozoba Yacouba Drabo a déploré les clichés que de nombreuses personnes se font des Dozos, et qui ne sont guère reluisants. « Il y’a des cérémonies quand on va s’asseoir toute la devanture est balayée, les gens vident les lieux » a-t-il indiqué. Le Dozoba poursuit en expliquant que l’initiation Dozo est basée sur deux choses, le savoir vivre et la maîtrise de soi qui méritent d’être enseignés dans les écoles.

Maitres et connaisseurs de la nature, il existe plusieurs catégories de Dozos. Des chasseurs aux géomanciens en passant par les tradipraticiens. Être Dozo est un statut, un rôle, qui s’illustre dans les rapports économiques, politiques et religieux d’une complexité historique et contemporaine.
N’importe quel homme peut devenir Dozo, pourvu qu’il accomplisse le sacrifice initiatique.
Evans KAMBOU