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Vacance culture santé : Une compétition culturelle et éducative qui rassemble la jeunesse de Koudougou

La ville de Koudougou accueille chaque année, et ce depuis plus de 20 ans, une compétition culturelle et éducative, dénommée « Vacance culture santé ». Cette activité qui réunit pendant les vacances scolaires la jeunesse de Koudougou, a pour promoteur Boureima Kaboré (BK), dit Junior Production. L’équipe de rédaction de Vox Kultur a rencontré cet homme à plusieurs casquettes pour en savoir davantage.

-Qui se cache derrière Junior Production ?

BK : Junior Production, c’est d’abord Vacance culture santé qui se déroule au théâtre populaire de Koudougou. C’est un événement national parce qu’à chaque finale, nous avons la participation de Ouaga, Bobo-Dioulasso et Koudougou. Nous organisons des concerts pendant la fête de Tabaski. Lors de ces événements nous invitons des artistes comme Dez Altino, Floby, etc. Nous sommes également en collaboration et en partenariat avec d’autres structures comme Fitini show à Bobo. Nous évoluons dans la communication, la location de bâches, des appareils de sonorisation, etc. Junior Production, c’est Boureima Kaboré qui se cache derrière ce nom. Je suis animateur à la radio et journaliste si je peux bien le dire. Je suis également opérateur culturel avec une licence. Au-délà j’ai une casquette politique mais il y’a un moment pour faire la politique et un autre moment pour faire la promotion de la culture.

– Que devons-nous entendre par Vacance culture santé ?

BK : Vacance culture santé est une activité qui rassemble la jeunesse. C’est une compétition à caractère culturel et éducatif. Nous mettons surtout l’accent sur la culture burkinabè. Lors des compétitions, les enfants doivent danser sur deux morceaux : un morceau imposé et un au choix. Ces deux morceaux doivent être de la musique burkinabè. On doit retrouver également des pas de danse d’une où des régions de notre terroir. En plus de cela, il y a un sketch sur un fait de société. Et pour joindre l’utile à l’agréable, nous faisons aussi venir des artistes musiciens burkinabè, notamment des grosses pointures chaque année. A travers ce concours, nous avons choisi de rassembler les acteurs de Koudougou au théâtre populaire, pour que les jeunes puissent jouir de leurs vacances comme il se doit. En 2019, nous avons fêté nos 20 ans. Cette année, on doit fêter nos 21 ans, mais ce n’est pas évident à cause de la Covid-19. Jusqu’à présent le ministère de la culture ne nous autorise pas à organiser nos événements culturels.

– D’où vous vient l’initiative de ce projet ?

BK : L’amour pour ce travail est né en moi depuis l’enfance. Je participais à des activités culturelles à l’église qui était proche de chez nous, bien vrai que j’étais musulman. Nous étions les tous premiers à être choisis quand la révolution est arrivée au pouvoir pour les animations des moments pionniers. J’étais le lead vocal des animateurs. Les militaires venaient me chercher à l’école même si on avait cours. Je partais avec les camarades et on animait les différentes cérémonies. C’est de là que l’orchestre des petits pionniers de Koudougou est né. Rapidement on nous appelle pour faire partie de cette formation artistique. On avait l’amour pour ce travail depuis le bas-âge. On était sollicité partout. On a commencé à murir la réflexion sur la culture et voilà qu’on a créé cette petite structure de façon formelle (Ndlr : Junior Production) avec mon arrivée à la radio. On a commencé nos activités culturelles à l’ampoule rouge. Une année, des gens se sont approchés de nous pour nous dire que notre événement les intéresse beaucoup et vu que c’était dans un bar, leur religion ou leur statut ne leur permettait pas de venir suivre. Et c’est là qu’en 2000, nous avons organisé la première phase éliminatoire à l’ampoule rouge et la finale à théâtre populaire avec le soutien bien-sûr de Marcelin Yaméogo qui était présent comme maire. Depuis 2000 jusqu’à l’heure où je vous parle, que ça soit à la manche éliminatoire jusqu’à la finale, tout se déroule au théâtre populaire de Koudougou et ceux qui ont fait cette suggestion n’ont pas eu tort.

– Nous savons que l’organisation d’un tel évènement nécessite la mobilisation de moyens conséquents. Quelle est votre stratégie de mobilisation de fonds ?

BK : Sur le plan financier, j’avoue que c’est compliqué. Souvent nous sommes obligés de prendre tout ce que nous avons dans la caisse pour récompenser les enfants. Nous payons les artistes et la nuit nous rentrons, nous pleurons avec Dieu. Mais Dieu merci, nous arrivons à gérer les petites dépenses. Du moment où nous ne sortons pas avec les crédits de quelqu’un lors d’une manche, c’est satisfaisant.

-Quels sont vos liens avec les autres acteurs culturels ?

BK : Certains viennent vers nous pour des conseils et on se donne des idées. Lorsqu’on se lance dans la culture, il faut avoir le minimum. Il ne faut pas compter sur un sponsor ou sur quelqu’un pour créer un événement, parce que tu ne vas jamais réussir. Nous, c’est parce que nous avons pu convaincre l’autorité. Et même si ce n’est pas financièrement, elle est avec nous. Nous avons au moins son soutien dans beaucoup de domaines.

– Nous avons constaté que certains évènements se tiennent alors que le vôtre n’est toujours pas lancé à cause de la crise sanitaire. Qu’est-ce qui explique cela ?

BK : Nous travaillons avec des partenaires qui n’ont pas encore donné leurs accords pour commencer nos événements. Même avec les organisateurs de Fitini-show à Bobo-Dioulasso c’est pareil. Ils ont de grands organisateurs qui les suivent. Eux tous, ils attendent un papier officiel qui autorise les promoteurs culturels à organiser leurs événements.

– Avez-vous un appel à lancé à l’endroit des autorités ?

BK : Je demande à ce que l’Etat donne des soutiens aux promoteurs de la culture. Aussi, de faire en sorte que ceux-là qui sont en règle vis-à-vis de l’Etat bénéficient des soutiens. L’Etat doit également décentraliser les soutiens parce que nous voyons que tout est concentré dans un seul côté.

– Etes-vous satisfait de votre parcours aujourd’hui ?

BK : Sur le plan moral nous sommes satisfaits parce qu’à travers Vacance culture santé, il y a des jeunes qui sont devenus des musiciens et d’autres des fonctionnaires. Nous éduquons sur tous les plans et je peux donc dire que nous sommes satisfaits. C’est également un plateau de promotion pour les artistes musiciens burkinabè. L’événement fait de Koudougou un carrefour incontournable pour la promotion de la musique burkinabè.

– Quel conseil avez-vous à donner à vos jeunes frères ?

BK : Ce que j’ai comme conseil, c’est de leur dire d’aimer d’abord ce qu’ils font. Il faut aller toujours vers les aînés pour avoir leurs conseils, leurs bénédictions, parce qu’à travers eux, ils peuvent même nous conduire vers des gens qui pourront nous soutenir et même nous guider pour la rédaction de nos projets. Et il faut surtout être patient.

-Auriez-vous quelque chose à ajouter avant de clore cet entretien ?

BK : Je vous remercie pour cette faveur envers ma modeste personne et à notre structure Junior Production. Nous vous souhaitons bon vent et que Dieu facilite les choses. Soutenons la culture parce qu’un peuple sans culture, c’est comme le dit Joseph Ki Zerbo, c’est difficile. Vive la culture, vive la communication.

Entretien réalisé par Prince Omar OUEDRAOGO

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