Evariste Sorgho : « Le handicap n’est pas une raison pour mendier »
Des artisans vivant avec un handicap physique ont décidé de s’unir au sein de l’Association Wend Lamita à Ouagadougou. A Wend Lamita, ils confectionnent des œuvres d’art qu’ils revendent pour subvenir à leurs besoins et entretenir leurs familles.

Wend Lamita est une association créée en 1990. L’objectif de l’Association est de venir en aide aux personnes vivant avec un handicap (PVH). Aujourd’hui au nombre d’une quinzaine dans l’association, Ces PVH exercent dans l’artisanat au quartier Wemtenga de Ouagadougou, à travers la confection des jouets éducatifs et objets décoratifs.
Une quinzaine de personnes ont dit non à la mendicité et préfèrent gagner le pain à la sueur du front. Evariste Sorgho est l’une des premières personnes à intégrer l’Association, où il occupe le poste de Responsable des affaires intérieures et extérieures. Il a indiqué que les membres de la structure préfèrent gagner leur pain à la sueur du front plutôt que de s’adonner à la mendicité. « Les membres de notre Association en plus de leur travail d’artisans militent pour dire non à la mendicité des personnes handicapées. Nous invitons ces derniers à rejoindre l’Association pour que nous travaillons ensemble » a-t-il lancé.
« Quand j’ai laissé l’école au CM2, je me suis dit pourquoi ne pas aller travailler et gagner mon pain moi-même. C’est ainsi que j’ai approché l’Association et depuis je vis grâce à mon travail sans avoir à mendier devant les feux tricolores » a confié Evariste Sorgho
Ils vivent au jour le jour
Comme dans tous les secteurs d’activités, ces artisans rencontrent aujourd’hui des difficultés à écouler leurs marchandises. Avec la crise sécuritaire qui secoue le Burkina Faso, les touristes étrangers qui sont les potentiels clients viennent rarement au pays. A cela s’ajoute la pandémie de la COVID 19 qui ne facilite plus les entrées et les sorties avec à son compteur l’annulation ou le report de certains festivals.
« Depuis l’apparition de cette pandémie tout a basculé, le peu de touristes qui venaient malgré l’insécurité sont obligés de rester dans leurs pays avec la fermeture des frontières » a indiqué le Responsable des Affaires intérieures.
En plus de ces difficultés, les artisans vivant avec un handicap tournent le regard vers les premières autorités du pays qui semblent les ignorer. Selon Evariste Sorgho, le gouvernement ne se soucie pas d’eux.
« L’État peut par exemple nous confier des travaux dans notre domaine. Mais non il ne le fait pas et préfère aller payer des objets à l’étranger à des prix exorbitants. Nous souhaitons que l’État nous soutienne moralement comme financièrement, afin qu’on ne se sente pas obligé de retourner dans la rue pour mendier, question de joindre les deux bouts » a précisé Evariste
Aujourd’hui ces artisans réunis au sein de l’Association Wend Lamita vivent au jour le jour, difficile donc pour eux d’estimer une recette journalière ou encore mensuelle. Lorsqu’ils reçoivent une commande, ils font le travail et se partagent la recette. Il arrive des moments où ces pères de familles se retrouvent sans le moindre franc pour passer la semaine.
Evans Kambou