VOX- INVITÉ

Koudbi Koala : « La culture burkinabè va s’imposer »

Président fondateur de l’Association Benebnooma, Koudbi Koala est le promoteur du festival des Nuits atypiques de Koudougou (NAK) au Burkina Faso. Autrefois professeur de lycée, ce natif de la cité des cavaliers rouges a décidé de se consacrer entièrement à la culture depuis 1982.  A VOX Kultur, il a accordé un entretien pour parler culture.

Veuillez vous présenter à nos lecteurs

KK : Je suis Koubi Koala et je suis né à Koudougou au Burkina Faso. Je suis Professeur d’anglais de profession mais depuis 1982, j’ai tout laissé tomber et je suis corps et âme dans la culture.

Quelle lecture faites-vous du paysage culturel burkinabè ?

KK : Je suis dans la culture depuis 1982 mais de ce que je vois aujourd’hui, c’est qu’il y a un engouement pour notre culture. Et quand je dis culture, c’est la culture dans son ensemble et il n’y a pas que la chanson. Beaucoup de Burkinabè ont pris conscience que la culture est une chose incontournable mais dans la pratique ils essayent de voir si ce qu’ils ressentent et ce qu’ils vivent peut-être vrai. Je vois des artistes qui n’ont même pas 20 ans et qui sont vraiment engagés. Je dirai que la culture burkinabè va s’imposer un jour parce qu’il y a des jeunes qui sont très regardant là-dessus. Ce qui montre d’ailleurs que le paysage culturel est vivant et sera plus vivant que cela.

Nous constatons aujourd’hui que de nombreux jeunes se lancent de plus en plus dans l’événementiel. Ces jeunes promoteurs viennent-ils souvent vers vous ? Quelle appréciation faites-vous de cela ?

KK : Il y a des jeunes qui viennent souvent demander de l’aide pour la rédaction de leurs projets. Tous les jours il y a des projets mais il faut le dire, il y en a qui sont très pressés. Si je suis artiste je mettrai beaucoup de temps avant de créer un événement culturel. Je vais d’abord me trouver un manager. Maintenant il y a toutes les possibilités pour être conseillé pour ne pas réinventer la roue, elle est ronde. Je vois des jeunes sous prétexte qu’ils sont artistes, ils ont fait un son qui a eu du succès et ils veulent créer leur propre événement. J’ai créé la troupe Saaba en 1982 et c’est 1996 que nous avons mis en place les NAK. Ça fait combien d’années d’expérience ? Nous avons participé à beaucoup de festivals en Europe et c’est par là que nous avons mûrit l’idée de créer aussi notre propre festival mais en l’adaptant à nos réalités. Au Burkina beaucoup d’artistes veulent avoir leur propre événement culturel, moi je leur dirai de travailler plutôt à être très artiste et avec le temps ça s’imposera. A’Salfo et son groupe n’ont pas créer le festival « Anoumabo » du jour au lendemain ! Mais ici dès qu’on gagne un petit succès on veut créer son festival.

Pensez-vous que la reprise des activités culturelles dans ce contexte post-COVID 19 est sans risque ?

KK : Il n’y a rien sans risque. Même s’il n’y avait pas de COVID il y’avait des risques en étant dans le milieu culturel. Ce n’est pas facile pour les artistes aujourd’hui, parce qu’un artiste qui n’est pas sur la scène semble ne plus exister. Sur 100 artistes aujourd’hui peut-être que 10 ont déjà abandonné parce qu’ils n’ont pas eu de prestation ni d’appui pour vivre au quotidien. Mais ceux qui ont compris la chose ont pris le temps durant ces 3 à 4 mois, pour aller au laboratoire et créer pour se refaire une santé culturelle. Le ministère de la culture a eu une très bonne réaction et a voulu accompagner les artistes à travers le BBDA (ndlr: Bureau burkinabè du droit d’auteur) et même à travers un fond voté pour accompagner tous ceux qui avaient des événements programmés à cette période. Le gouvernement a compris que nous traversons de grandes difficultés mais il ne peut pas tout faire.

A quand les prochaines NAK et quelles seront les innovations ?

KK : La prochaine édition se tiendra du 23 au 29 novembre 2020. Ça sera une édition spéciale car les NAK auront 25 ans. Et pour ce faire, l’événement va durer une semaine au lieu de 5 jours. Et pendant la semaine, il y aura des tables-rondes, des ateliers, pour faire l’état des lieux de ces 25 ans afin de voir ce qu’il faut maintenir, ce qu’il faut laisser car ne répondant plus aux réalités, bref dégager des perspectives. Un quart de siècle c’est tout de même 25 ans de travail intensif au bénéfice du développement local.

Le nouveau site des NAK répond-t-il à vos attentes ? Quelles sont les difficultés rencontrées sur ce site ?

KK : Le nouveau site qui fait 5 hectares en dimensions a répondu à nos attentes pour l’édition précédente. Il y’a quand même de l’espace et toutes les activités se déroulent en un seul lieu. Durant les 23 ans on était à la fois sur 3 sites et ça n’a pas été facile. L’année passée on a mis du grillage et cette année nous espérons avoir petit à petit quelque chose de plus physique si toutes les promesses sont accomplies. Il y aura des difficultés mais notre volonté de réussir est tellement là que je pense qu’il est hors question qu’on échoue sur ce site-là. La grande difficulté sur le site ce sont les voies d’accès et nous demandons toujours à la mairie de nous aider sur ce point.

Si vous êtes appelé un jour aux commandes de la culture, quelles seront vos priorités ?

KK : Cela ne m’a jamais effleuré l’esprit. Je n’ai jamais rêvé de cela et je ne rêverai pas de cela. Mais malgré tout si ça doit arriver et que je peux déléguer, je dirai à la personne déléguée de sillonner toutes les contrées du Burkina, pour savoir ce que c’est que la culture burkinabè sinon ça ne sert à rien d’être ministre de la culture. Toutefois si je dois donner des conseils à ceux qui sont à la tête, c’est d’être avec les Burkinabè jour et nuit, en tout temps et en tout lieu.

Entretien réalisé par Prince Omar

 

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