Village artisanal de Ouagadougou : Reprise timide des activités
La crise sanitaire qu’a connu le monde entier a contribué négativement à l’économie de tous les secteurs d’activités. Les artisans burkinabè et plus précisément ceux du village artisanal de Ouagadougou n’ont que leurs yeux pour pleurer à la reprise des activités post-covid 19.

Ils sont nombreux ces artisans qui vivent uniquement de leurs œuvres d’art. Tandis que certains jonglent entre 2 ou 3 activités rémunératrices, d’autres par contre ont tout abandonné pour se consacrer à leur seul amour qui n’est autre que l’art, la représentation du beau. Pour ce faire de la visibilité, des artistes créateurs ont préféré élire domicile au village artisanal de Ouagadougou.
Lucien Bancé est maroquinier de profession. Il a indiqué avoir épousé ce métier par manque de moyen. Ce maroquinier a précisé que son arrivée dans le milieu fait suite aux échecs enregistrés aux concours de la fonction publique. Dès lors, il a décidé de se frayer un chemin dans la maroquinerie.
« Je passais les concours sans succès, j’étais apprenti maçon. Ce boulot ne me rapportait rien de grand car à l’époque on était payé à 80 francs la journée. C’est ainsi que je me suis lancé dans la maroquinerie et je suis dans ce domaine depuis 40 ans. J’ai construit grâce à ce métier, je paye la scolarité de mes enfants avec » a laissé entendre Lucien Bancé.
Pour ces artisans, si aujourd’hui le métier ne nourrit plus son homme c’est à cause du terrorisme. Les clients cibles en majorité étaient les touristes étrangers. Avec la situation sécuritaire du pays, ces derniers se méfient de rentrer au pays. Outre le terrorisme, la COVID 19 qui continue de faire parler d’elle contribue davantage à assécher le secteur.
Amidou Ouédraogo est bronzier de profession. Pour lui tout se passait bien jusqu’en mars dernier où les choses ont commencé à basculer. « En avril récent je devrais participer à la foire de Paris mais avec la COVID 19 tout est calé et nous sommes obligés de vivre de nos économies. Les premières personnes à être touchées par la maladie à coronavirus sont les artisans qui vivent de leur art » a-t-il ajouté.
L’accompagnement du gouvernement
Les avis étant partagés, certains artisans pointent du doigt le gouvernement, qui n’apporte pas suffisamment de l’aide pour accompagner le milieu artisanal. Et par manque de clientèle, ils se contentaient des foires à l’instar du SIAO pour écouler leurs œuvres.
« Après une foire comme le SIAO je peux faire une recette de deux à trois millions de francs CFA » a reconnu le bijoutier Mohamed Kami
Le peintre Léon Zankoné, a expliqué que dans d’autres pays comme le Sénégal, c’est le président lui-même qui fait voyager les artisans pour participer aux foires.
« Lors de nos foires à l’extérieur, chacun de nous part avec ses moyens. Et pour les expositions à l’intérieur du pays en l’occurrence le SIAO, nous payons nos stands de notre poche et au même prix que ceux qui viennent de l’extérieur » a déploré Léon Zankoné
Même si à l’image de Lucien Bancé, certains artisans se voient contraindre de vendre à vil prix leurs produits afin de récupérer le prix de la matière première, il convient toutefois de noter que les locataires du village artisanal de Ouagadougou, ont reçu des vivres de certains partenaires. Du gouvernement ils ont bénéficié de la gratuité de l’électricité et la prise en charge du loyer pour 3 mois.
Sié Frédéric Kambou