Bertrand Ouédraogo : La musique n’était pas un plan B mais un plan A
Bertrand Ouédraogo est un jeune entrepreneur culturel de la ville de Bobo-Dioulasso. Pianiste principal du célèbre Feu Victor Démé, il est aujourd’hui responsable de la structure Blessed music production (BMP) dans la capitale économique du Burkina Faso. Dans un entretien accordé à Vox Kultur (VK), il nous fait découvrir sa passion pour la musique.

VK : Qui est Bertand Ouédraogo?
Bertrand O : Véritablement je suis l’homme à plusieurs casquettes mais reconnu comme musicien.
VK : D’où est née votre passion pour la musique ?
Bertrand O : L’idée de poursuivre dans la musique m’est venue depuis l’université. Après mes études en communication d’entreprise je me suis demandé ce que je pourrais bien faire de mes 10 doigts en attendant d’avoir un job. Il ne faut quand même pas s’asseoir et attendre que le gouvernement fasse quelque chose. J’ai donc forgé ma personnalité dans le domaine musical
VK : Vous êtes avant tout un diplômé en communication d’entreprise. Pourquoi n’avoir pas évolué dans votre filière de formation en tant que cadre au sein d’une entreprise ou d’une institution ?
Bertrand O : La musique au début était un plan B pour moi ça il faut le reconnaitre. Depuis le bas âge et ce jusqu’à l’université j’ai baigné dans la musique et j’ai évolué de l’université à d’autres formations musicales en qualité de Chef d’orchestre. Et c’est ainsi que j’ai voulu développer ma musique le temps d’avoir quelque chose en conformité avec mon diplôme. Et avec le temps j’ai compris que la musique n’était pas un plan B mais un plan A. La formation reçue en communication d’entreprise allait de pair avec la musique
VK : En tant que musicien, quels sont les artistes de renom que vous avez accompagnés durant votre parcours de pianiste ?
Bertrand O : Avant d’ouvrir la boite (ndlr BMP) je ne vivais que de la musique et j’étais le pianiste principal de Victor Démé. J’ai accompagné des artistes comme Amety Meria, Jah Verity et bien d’autres.
VK : Comment se porte la musique à Bobo-Dioulasso ?
Bertrand O : Il y a quelques années la musique ici était à l’état embryonnaire. Aujourd’hui la musique à Bobo est entrain de se réveiller et même les rappeurs sont entrain de se lancer dans du live. Quand quelqu’un se lance dans du live c’est parce qu’il a compris la musique, c’est parce qu’il s’est éduqué musicalement. La musique à bobo est entrain de grandir et c’est un grand et bon choix.
VK : Nous savons que Bobo-Dioulasso est par excellence la capitale de la culture burkinabè. En même temps nous avons l’impression que les artistes bobolais émergent tous vers Ouagadougou la capitale politique pour mieux s’exprimer. Qu’est-ce qui explique cela ?
Bertrand O : La responsabilité est partagée. La faute incombe aux dirigeants culturels et aux acteurs culturels. Les dirigeants culturels n’ont véritablement pas cette confiance à décentraliser les choses. Même pour la SNC (ndlr Semaine nationale de la culture) qui se fait à Bobo, les dossiers sont traités à Ouagadougou. Les artistes et les promoteurs de spectacles n’ont pas encore réalisé le fait de prendre la musique pour une entreprise. Je salue les aînés Duden J et Aly Veruthey qui ont leurs propres boites. Si ces artistes de Bobo se font confiance et se font former en management culturel, ils pourront développer la ville de Bobo. Au lieu de partir vers les promoteurs, il faut attirer les promoteurs vers toi.
VK : Parlons de la collaboration entre les promoteurs culturels de la cité et vous ?
Bertrand O : L’évolution de la musique passe forcément par le live. Et dès qu’il y a un événement ou un spectacle à Bobo j’y suis associé par ces personnes-là (ndlr promoteurs culturels). Je rends grâce à Dieu pour cette belle collaboration aujourd’hui entre moi, ma structure et les autres promoteurs de spectacles.
VK : Quelles sont vos attentes vis-à-vis du gouvernement ?
Bertrand O : En tant que responsable d’une strucutre de formation et de production, mes attentes se résument à la formation. Il ne suffit pas de financer des gens pour réaliser des œuvres. S’ils ne sont pas formés peu importe la quantité du financement ça ne servira à rien. De passage je salue l’initiative du BBDA (ndrl : Bureau burkinabè des droits d’auteur) qui a approfondi les formations sur les droits d’auteurs, les droits de compositeurs, les droits voisins.
Entretien réalisé par Issa Cyrille YELEMOU